Parfois, le silence c'est mieux que de dire des conneries...

J’ai perdu ma soeur le soir du 9 novembre 2008, emportée en 8 mois par un cancer du sein ravageur, une de ces saloperies digne d’un drame hollywoodien, un truc qui vous attrape et ne vous lâche plus, le truc que personne ne voit venir, qui surprend même les médecins… bref une vraie merde.

Mais dans notre malheur nous avons eu, mes parents et moi, une chance immense : elle est “partie avec nous”, et “sans douleur”.

Avec nous, car Laurence vivait au Québec depuis 22 ans, et elle y avait une sacrée clique d’amis, de gens qui la respectaient et l’aimaient, ainsi que sa smala animalière de 4 chiens et 3 chats (elle en a eu plus à d’autres moments), et quand sa maladie s’est déclarée il n’était pas certain qu’elle reviendrait pour autant.
De diagnostic en diagnostic, lorsque même la chimio et la mastectomie n’ont pas suffit à dompter cette saloperie, il a fallu se rendre à l’évidence : elle ne rentrerait pas “un jour”, elle ne rentrerait pas “l’année prochaine et pour toujours”, elle reviendrait “tout de suite et pour aussi longtemps que possible”, dans les 2 semaines qui venaient (le temps pour elle de “clore” sa vie canadienne “proprement” (faire tous les papiers, trouver un locataire, trouver des foyers pour les animaux pour éviter de les piquer, refourguer toutes ses affaires, fermer son business, etc) car elle y tenait beaucoup).
J’étais bien sûr là à son retour, j’ai eu la chance de passer 2 jours avec elle et mes parents, et je pensais impatiemment à la prochaine occasion, à peine 3 semaines plus tard, quand je remonterai à Paris pour Paris Web 2008.
Trop tard, elle est partie 3 jours avant mon retour. C’est trop moche la vie dès fois.
Mais au moins elle était avec mes parents, plutôt que seule là-bas, entourée de toute leur amour et des meilleurs soins médicaux possibles.
Je n’ai rien contre les canadiens, mais si ma sœur n’avait pas insisté pour le scanner de contrôle “tout de suite” au lieu d’un an après comme ils ont l’habitude de le faire, elle serait morte seule là-bas sans que personne ne voit rien venir…

Ça n’aura pas été le cas, et elle est aussi partie sans douleur, sans même se rendre compte apparemment (je tâche de croire les médecins mais une part de moi ne peut s’empêcher de s’inquiéter).
Elle s’est endormie et ne s’est jamais réveillée… la morphine lui aura évité de souffrir, d’avoir peur, d’avoir froid, toutes ces choses que ça finirait de m’insulter de savoir qu’elle a ressenti après tout ce qu’elle avait déjà traversé pendant 8 mois.

Bref, soudainement, assister à Paris Web, commenter les présentations, ou même écrire sur les petites choses énervantes ou marrantes de la vie quotidienne m’a parût déplacé, sans goût, bref inopportun…
… J’avais à la fois tant de choses à dire et si peu envie de les dire par peur de mal les dire. J’étais trop en colère, trop triste. Pas forcément le meilleur moment pour parler, de quoi que ce soit.

Maintenant j’en ai besoin et j’ai décidé d’écrire une lettre ouverte à ma sœur, que je publierai ici car comme dit Alain (son meilleur ami au Canada) “quand on connait Laurence on sait qu’où qu’elle soit elle trouvera bien un moyen de consulter ses mails”…
Être têtue et instoppable, c’est plutôt de famille :)

De manière générale, je vais donc à nouveau m’exprimer tout court, sur d’autres choses plus légères parfois et heureusement, mais je ne sais pas quand exactement.

Voilà, vous savez donc tout, vous m’excuserez j’espère des délais passés et futurs dans la rédaction de billets, il faut que je retrouve un rythme, un souffle, ici comme dans le reste de ma vie d’ailleurs.
(Que personne ne m’envoie les pompiers, j’ai l’air misérabiliste mais je tiens bien le coup et de toute façon ma sœur m’en voudrait de me laisser abattre.
Je crois d’ailleurs qu’elle s’est réincarnée dans ma chienne pour être certaine que ça n’arrive pas et elle se débrouille comme une reine : je n’ai pas une seconde de répit et c’est très bien comme ça…)

A bientôt.

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