Le sommeil de l'enfant

C'est marrant quand même cette obsession pour le sommeil, et en particulier celui des enfants...
La question qui revient le plus souvent quand vous rencontrez quelqu'un qui prend de vos nouvelles depuis que vous êtes nouvellement parents c'est sans aucun doute : « Et alors, il dort bien ? » ou sa variante « Et il fait bien ses nuits ? », et ce d’autant plus que bébé vieillit.
Je me demande bien ce qui rend les gens à ce point concernés par ce sujet ? Est-ce parce que de nos jours, avec toutes les activités annexes qui sont à notre disposition (télé, smartphones...), on a encore moins l'occasion de dormir qu'avant ? Que depuis l'avènement de la société industrielle on respecte moins le rythme « naturel » (dodo avec le soleil) ?
Toujours est-il que lorsque la question fatidique est posée on se sent toujours un peu obligé de répondre « oui oui », même si ce n'est pas tout à fait vrai (il peut faire SES nuits mais pas VOS nuits), ou de se justifier « oh il se réveille deux fois mais il dort de 21h à 8h ».

Cela est notamment du à une méconnaissance des bases scientifiques du sommeil de l’enfant. Faisons un petit point.

Le petit train du sommeil

On entend souvent qu'un enfant, ça devrait faire ses nuits à 6 mois. Ou un an, allez. Après, c'est probablement qu'il se fout de vous, qu'il fait des caprices.
Sauf que c'est oublier que le sommeil chez l'enfant n'est réglé/acquis que vers l'âge de 5 ou 6 ans. Et que ses nuits ne sont pas vos nuits : si l’enfant dort 7 heures d’affilée, il a fait sa nuit, un peu comme vous. Sauf que si il est couché à 21h, forcément ça ne colle pas avec votre rythme et il risque de vous réveiller avant le matin.
Et c’est aussi oublier que beaucoup d'adultes se réveillent une fois (au moins) par nuit pour boire, faire pipi, se recouvrir de la couette qui a glissé ou au contraire s'en défaire quand il fait chaud, voire même sans trop savoir pourquoi… et sans pour autant qu'on considère qu'ils sont déréglés ou capricieux.
Et c'est enfin oublier qu'un enfant aussi petit n'a pas les capacités cognitives pour faire un « caprice ».

Reprenons donc la base, et étudions rapidement la structure du sommeil de l'enfant, qu'on sache mieux de quoi on parle.

L'université de Lyon a une page sur le sujet (le reste de la plaquette est intéressant mais je ne suis pas nécessairement d’accord avec toutes les réponses, notamment celles sur les tétées nocturnes, je vous laisse vous faire votre opinion), que je n'aurai pas la prétention de remplacer mais dont je vais reprendre les grandes lignes pour nous aider dans la lecture de cet article.
En gros, le sommeil de l’enfant est constitué de plusieurs cycles que l’on appellera « trains », eux-mêmes découpés en plusieurs phases que l’on appellera « wagons ». Selon l’âge de l’enfant, les trains sont plus ou moins longs, et les wagons qui le composent plus ou moins longs et nombreux. Ainsi :

« chez le nouveau né, chaque train est constitué de 2 wagons (1 wagon de sommeil agité et un wagon de sommeil calme) alors que chez l'adulte, chaque train en comprend 5 (2 wagons de sommeil lent léger, 2 wagons de sommeil lent profond, 1 wagon de sommeil paradoxal) ».

Considérez le schéma suivant, il est plutôt explicite :

Petit train du sommeil, crédit PROSOM

Le passage d’un train à un autre est souvent un moment clé du sommeil de votre enfant, où celui-ci s’agite et peut même faire un peu de bruit… et si il est perturbé à ce moment là (bruit, inconfort, etc.), il est possible qu’il ne prenne pas le train suivant et donc se réveille.
C’est notamment pour ça qu’il ne faut pas se précipiter dès qu’il grogne ou soupire (d’autant qu’un bébé, ça fait beaucoup de bruit en dormant), sans pour autant le laisser pleurer bien sûr.

Les mythes

En plus d’une méconnaissance de la physiologie du sommeil de l’enfant, perdurent de nombreux mythes plus ou moins dommageables.

Le « Laisser pleurer »

« Il faut le laisser pleurer. »
Ah bon ? Et ça va lui apprendre quoi, à part qu'il ne peut pas compter sur ses parents en cas de mal-être, qu'il soit physique ou émotionnel ?

Alors oui au bout d'un moment il va arrêter de pleurer, mais pas parce que vous l'aurez dompté, grands manitous que vous êtes, mais simplement parce que d’une part il sera épuisé (c’est crevant de hurler comme un diable pour un si petit corps) et d’autre part qu'il aura abandonné tout espoir d'être sauvé de son inconfort… personnellement je trouve ça déprimant, pas vous ?
Et si l'argument « sortez les violons » ne vous convainc pas encore tout à fait, sortons la science : un enfant qui pleure produit du cortisol dans son cerveau. Le cortisol, c'est l'hormone du stress, et elle a des effets super délétères sur le développement neuronal.
Citons Catherine Gueguen, pédiatre spécialisée, dans un de ses livres, études neurologiques à l’appui :

« Sous l’effet d’un stress sévère et répétitif, le cortisol secrété a des effets toxiques pour leur cerveau, très malléable, ainsi que sur le développement des neurones, leur myélinisation, la formation des synapses, etc. Leurs capacités d’apprentissage et de mémorisation sont ensuite minorées, l’âge de raison peut être retardé »
– « Pour une enfance heureuse : repenser l'éducation à la lumière des dernières découvertes sur le cerveau » (Pocket, 19 mars 2015)

Pire, même, si il ne sont pas consolés :

« leur système sympathique, d’autant plus énergisant qu’avant 2 ans il n’est pas régulé par le système parasympathique, devient hyperactif. Cela entraîne des infections plus fréquentes, des troubles de la respiration, de l’appétit, du sommeil, des maux de tête, etc. ».
– Même source

Donc un enfant qu'on laisse pleurer, en plus d'être immensément triste, sera aussi ultra stressé et ralenti dans son développement intellectuel et psychique.
Je sais pas vous, mais moi ça ne me donne pas très envie de le laisser pleurer.

D’ailleurs on ne l’a jamais fait. Enfin si. Une fois. 3 minutes. Non seulement ça nous a déchiré le coeur, mais en plus ça n'a servi à rien, et ça a même empiré la situation : quand on est revenus de notre cachette derrière la porte, il était rouge tomate, en sueur, et on a mis 2 fois plus longtemps que d'habitude à le calmer après. Échec total donc.
Il est arrivé par contre que nous ne le prenions pas dans nos bras mais que nous nous couchions tout contre lui en lui caressant la tête et en lui susurrant des mots rassurants : que nous l'aimions, que nous étions là, que nous ne l'abandonnions pas mais ne pouvions le prendre à bras car certes il se calmait mais dès qu'on le posait il repartait à hurler, ce qui était aussi épuisant pour lui que pour nous et n'arrangeait absolument rien, mais que tout allait aller bien… Il faut savoir que même tous petits les bébés comprennent beaucoup de choses, bien plus qu'il n'y parait, et a minima l'intention qu'il y a derrière les mots… et il finissait toujours par respirer progressivement plus calmement, puis s'apaiser et enfin s'endormir. Et ce de plus en plus rapidement.
Et puis avec les semaines qui ont passé, cela s'est tassé. Il a modulé ses pleurs, de sorte que nous savions mieux ce qu’il se passait : faim, mal, fatigue… Les petits sont très forts à ça. Si tant est que vous répondiez à leur pleurs, et si possible de la bonne manière, ils apprennent rapidement à utiliser le bon pleur pour la bonne situation, facilitant cette première communication non-verbale entre vous.
Il a aussi trouvé son pouce. Ça m’a terrifiée au début, j’avais peur qu’il ne tète plus autant, et c’était un peu une obsession pour lui, il passait des heures à essayer d’insérer son pouce dans sa petite bouche. Beaucoup d’essais infructueux qui finissaient par d’autres doigts dans la bouche, des doigts dans les yeux (et les pleurs qui vont avec) ou une position de main improbable… Mais il n’a jamais voulu de doudou à tétouiller et il était hors de question de lui donner une sucette (confusion sein-tétine, risque encore plus grand de rater des tétées, problème de la sucette perdue en pleine nuit, etc.)… Et puis finalement, l’insertion du pouce était devenue maîtrisée et, on le sentait bien, grande source de soulagement. Aujourd’hui, quand il a faim ou sommeil, et uniquement dans ces cas là, hop il prend le pouce gauche (uniquement celui-là), c’est un bon signe indicateur. Il le prend pour s’endormir, et aussi se rendormir la nuit entre deux cycles.

Et puis on aime aussi à penser que nos efforts pour le rassurer et lui faire comprendre qu'il était aimé et entouré, en ne le laissant pas pleurer justement, l'ont amené à une certaine autonomie affective : il est en confiance, panique moins vite, patiente plus longtemps et sait même s’apaiser seul.
Nous nous sommes apprivoisés réciproquement.

À noter qu’il a rapidement appris à s’endormir seul, et de manière stable, pour la nuit, mais que les siestes de journée ont été beaucoup plus tardives à se mettre en place.
Il y a eu toute une phase où il refusait catégoriquement de dormir plus d’une 1/2h en journée… je vous laisse imaginer l’état d’énervement du bébé, et le niveau de désespoir des parents, en fin de journée.
Heureusement, ça aussi a fini par passer, peut-être avec l’introduction d’un traitement (gaviscon) pour son reflux léger, on ne le saura jamais vraiment (puisque même sur nous, porté à la verticale, il ne dormait pas longtemps non plus).

On a probablement également eu un peu de bol, tous les enfants ne savent pas s’apaiser seuls aussi tôt, mais quoi qu’il arrive ne rien faire n’aurait certainement pas aidé.
Plutôt l’inverse même, puisqu’il a été démontré que moins on laisse les enfants pleurer, moins ils pleurent, et moins longtemps.

Je vous invite à lire l’article « Ne laissez pas pleurer les bébés » de Sophie Chemin dans Psychologies, il résume assez bien toutes ces notions et d’autres que je n’ai pas abordées ici, tant il serait possible de faire un article entier sur le sujet… mais je ne vais pas réinventer la roue sur tous les sujets non plus ;)

Après une tétée

L'allaitement

« Il a sûrement faim. T'as qu'à lui donner le biberon et y mettre des céréales, il dormira mieux vu qu'il sera calé. Ça n’arriverait pas si tu ne l’allaitais pas. »  
Ah, la bonne blague.

Déjà, ça se saurai si tous les enfants biberonnant étaient, sans exception aucune, des enfants qui dorment des nuits complètes de 12h non-stop dès la sortie de la maternité. Or il existe autant d'enfants nourris à la préparation artificielle1 qui ne « font pas leurs nuits » que d'enfants allaités qui les font.
Ensuite, si votre enfant dort comme une pierre après un biberon de préparation, ce n’est pas parce qu’il avait faim et qu'elle est plus nourrissante que le lait maternel (ce qu’elle n’est pas), c'est parce qu'elle est beaucoup plus difficile à digérer (1h minimum contre 20min pour le lait maternel) et que le pauvre petit ne peut pas tout faire alors son corps se mets en veille pour traiter la mixture… Et ça encore plus quand on rajoute des céréales dedans. Vous dormez bien après un repas très copieux, vous ? Et puis pourquoi pas ajouter du rhum pendant qu’on y est ?
Ce qu'il faut retenir, c'est qu'un bébé allaité ne dort pas moins bien qu'un bébé au biberon.
Et que pour les parents, il est bien moins fatiguant de dégainer un sein à 3h du mat' et de se rendormir dans la foulée (merci l'ocytocine (« l’hormone de l’amour ») dégagée pendant la tétée) que de descendre à la cuisine, faire le mélange, tout ça avec un bébé qui pleure, pour enfin pouvoir lui donner un biberon mais sans non plus aller trop vite pour ne pas qu’il s’étouffe… puis devoir redescendre pour rincer tout ça, remonter se coucher, etc.

Surtout qu'allaitement nocturne rime souvent avec cododo. Ça tombe bien, un enfant qui se réveille la nuit a souvent autant besoin de contact que de manger, le gaver n’est donc pas la solution.

Cododo, lit familial

« Il faut qu'il dorme seul, dans sa chambre. »
Parce que vous vous dormez sans votre conjoint(e) ?

Promis, les gamins de 15 ans qui dorment encore avec leurs parents n'existent pour ainsi dire pas dans nos sociétés occidentales (sauf éventuellement par manque de place).
Et qu'est-ce donc que 3 ou 4 ans dans une vie entière (la vôtre et la sienne), si cela permet à tout le monde de bien dormir ? À moins de recourir au laisser pleurer, si le choix doit se faire entre se lever 5 fois par nuit ou dormir à 3 dans un pieu (ou au moins une chambre pour les moins téméraires), vous choisissez quoi ?
De toute façon, les enfants finissent tous par vouloir leur propre espace eux aussi, pour faire « comme les grands » et réclamer un lit à eux, dans leur chambre. Et cela d’autant plus qu’ils sont en confiance et qu’ils ont eu leur quota de présence et câlins nocturnes.

Après il y a l'argument « vie intime » des parents : rassurez-moi, vous savez qu'il existe d'autres lieux sympas que le lit pour faire « ça », n'est-ce pas ? :)
Et pour laisser de la place à bébé dans le lit, bien obligé de se coller à sa/son chéri(e)… occasion supplémentaire de faire un câlin (et pas forcément un gros, hein, passé quelques mois on évitera probablement de faire « ça » devant bébé).

Et enfin il y a l'argument sécurité… Sauf que si bébé est dans un lit séparé collé au vôtre ou au moins dans votre chambre, vous réduisez les risques de mort subite (lire par exemple : Le partage du lit ou de la chambre, l’allaitement maternel et le syndrome de la mort subite du nourrisson.
Dans le cas précis du partage de lit (ici c'est le cas, futon de 2m de large sur tatamis), quelques règles de base suffisent (dont : ne pas boire d’alcool, prendre des médicaments ou fumer, proscrire les grosses couettes, et éviter si on est malade ou épuisé pour des raisons autres que bébé, genre maladie) pour assurer la sécurité de tout le monde. C’est impressionnant à quel point on peut être conscient d’un bébé dans un lit et ne pas l’écraser même sans faire d’effort délibéré pour cela. La nature est bien faite :)
Dans les deux cas, les nourrissons sont immatures d'un point de vue respiratoire et ils font souvent des pauses type apnée qui sont moins fréquentes quand ils entendent leurs parents respirer.

Enfin, dois-je rappeler que l'humanité est arrivée jusqu'ici alors que pendant des milliers d'années les enfants ont dormi avec leurs parents ? Et que dans beaucoup de sociétés cela se fait encore ?
Les préjugés contre sont récents, et dans nos sociétés modernes sont liés à des raisons finalement assez peu scientifiques mais plutôt culturelles.

Je vous conseille à ce sujet la lecture de :
- « Le monde jusqu'à hier: Ce que nous apprennent les sociétés traditionnelles », de Jared Diamond. Cet anthropologue très connu est très bon vulgarisateur. Il est très rigoureux sur les sources et le discours scientifique. La part sur les manières d'élever les enfants dans ces sociétés (notamment le sommeil partagé et l’allaitement) montre qu'il s'agit de la réponse la plus naturelle à leurs besoins ;
- et « Les rituels du coucher de l'enfant, Variations culturelles », ouvrage collectif sous la direction de Hélène Storck.

Vous l'avez compris, la 1ère chose que nous avons faite aura été de dormir tous ensemble. Cela aura notamment permis d'éviter les allers-retours plusieurs fois par nuit. L’hiver quand il fait froid on est bien content de ne pas quitter la chambre. Et on a du parquet partout en plus, c’est bruyant et si il avait fallu parcourir les couloirs ça aurai rapidement été trop disruptif.
Bébé a donc été installé dans un lit cododo collé au nôtre de mon côté. Rapidement cependant, la manipulation « je glisse bébé du lit vers le notre puis l’y remets après la tétée » m’a gavé (notamment parce qu’il a vite été lourd, et que le remettre dans son lit le réveillait) et nous l’avons simplement mis à côté de moi en laissant le lit cododo attaché pour fournir un espace sécurisé derrière lui (histoire qu’il ne soit pas au bord du matelas et du vide, donc).
La dernière étape, bébé devenant de plus en plus bougeon, a été de carrément acheter un futon de 2m de large, histoire de cohabiter à 3 sans se serrer, et de ne pas risquer de chute. Nous aurions pu opter pour une barrière de lit, mais la tentation d’en profiter pour passer d’un lit de 1,6m à un de 2m était trop grande ;)
Par contre, ayant le sommeil léger, je mets papa entre bébé et moi sur la fin de nuit (après la tétée de 4-5h) afin de ne pas être réveillée trop souvent par ses mouvements et ses petites mains qui attrapent tout ce qui passe pendant son sommeil (les draps, la peau, les cheveux/poils…), ce qu’il ne fait pas trop sur le début de la nuit. Quand je me réveille naturellement et que je l’entends sucer son pouce, 95% du temps c’est qu’il est l’heure de lui proposer le sein. La plupart du temps, donc, il prend, là aussi parfois que pour quelques minutes et parfois pour une quinzaine de minutes, mais presque invariablement il se rendort aussi sec derrière et moi aussi.
Parfois, il ne veut pas, et souvent un petit « shhhh » accompagné d’une caresse sur le crâne et/ou une main doucement posée sur le ventre ou le flanc (selon sa position) suffit à le faire se rendormir. C’est d’ailleurs la spécialité de papa, qu’on a surnommé « the baby whisperer ».

Petites Astuces

Rituels et régularité

Bien s’endormir ça s’apprend, notamment en instaurant rapidement des rituels et un régularité. Au début ça a l’air assez nébuleux, et puis finalement ça se fait assez naturellement. De ce point de vue il n’y a pas de règle précise, il faut le faire au feeling, tous les couples parents/enfant étant différents.
En revanche il y a de grandes constantes : régulariser les horaires de lever et de coucher, et renforcer le contraste jour/nuit : le jour on joue avec bébé, on fait du bruit, il y a de la lumière ; la nuit on est silencieux, on évite de parler/regarder bébé quand on le change à 3h du matin, et on le fait dans la demi-obscurité (sauf caca, là vous avez le droit d’allumer un peu plus, faut pas déconner non plus).

Ici, ça s’est progressivement affiné pour aboutir à la routine suivante :
1. vers 20h30 on monte ;
2. on tamise la lumière dans la salle de bain ;
3. on mets une petite musique (les compilations « Rockabye Baby » sont très chouettes mais vous ferez selon votre goût, tant que c’est calme et pas trop fort) ;
4. on lui donne les vitamines prescrites et les probiotiques recommandés (Biogaïa nous a sauvé des coliques) ;
5. un soir sur 2 on donne le bain ;
6. on lui met la couche de nuit ;
7. on le glisse dans la turbulette dans le lit (selon la saison) ;
8. papa fait un bisous et souhaite bonne nuit ;
9. maman donne le sein (parfois à peine quelques minutes, parfois une 1/2h, parfois pas du tout même… pas de règle, c’est bébé qui décide selon sa faim et sa fatigue) ;
10. maman s’éclipse discrètement et descend pour sa soirée (éventuellement finir de manger, regarder un épisode de série, lire, écrire un article…) ;
11. on monte se coucher en mode « ninja » : les pas sont légers, le déshabillage se fait dans la salle de bain, et on se guide à la lumière de l’écran de téléphone jusqu’à notre emplacement dans le lit…

En journée c’est un peu plus simple : on guette les signes avant-coureurs et on monte quand on le sent bien.
Dans ces cas là :
1. l’un ou l’autre monte avec lui, si c’est moi je lui chantonne doucement une petite chanson/comptine ;
2. selon le moment où on a changé la couche pour la dernière fois et si il est parti pour une grosse sieste (après-midi) ou pas (matin), on la change à nouveau ou pas, histoire qu’il ne soit pas réveillé parce qu’il est trempé ;
3. on le glisse dans la turbulette (selon la saison) ;
4. et selon si il a mangé il y a peu ou pas (et la température) on propose éventuellement le sein, histoire qu’il ne se réveille pas à cause de la faim.

Dans les deux cas, que bébé aie tété ou non, je le quitte parce qu’il a pris son pouce, et il va alors s’endormir progressivement en 5-10min maximum.
Si il a pris le sein, il l’a lâché soit parce qu’il s’est assoupi temporairement (5min en général et après il prend son pouce), soit parce qu’il a pris son pouce à la place en fin de tétée.

En général, on touche du bois, ça marche pas trop mal.
Après évidemment ce n’est pas sans faille : si bébé est énervé, si il a mal aux dents, au bide… il se peut qu’il ne s’endorme pas si facilement (mais c’est rare) ou plus fréquemment qu’il se réveille avant d’avoir fini son cycle, parfois en pleurant si il est encore fatigué mais parfois en gazouillant parce qu’il a eu son compte quand même.
Ça reste un peu la loterie malgré tout, il faut bien l’avouer :)

Repérer les signes

Avant qu’il ne soit trop tard, et que bébé ne soit trop énervé pour s’endormir paisiblement, il y a quelques signes qu’on apprend rapidement à identifier : bébé qui devient très calme et ne gazouille ni gigote plus trop, les yeux qui rougissent, les petites mains qui frottent les yeux… voire l’irritabilité.
Mais attention, si vous attendez que tous ces signes se manifestent, vous avez toutes les chances de « passer le cap » et que bébé s’agace, il sera alors plus difficile de le coucher calmement.

Tout contre soi

Les premières semaines, bébé doit apprendre à passer d’un environnement rythmé par les battements du coeur et l’activité intestinale de maman à un environnement vierge de tout cela. C’est pour cela qu’ils s’endorment souvent bien mieux dans nos bras…
On a donc fait quelques milliers de pas à le bercer : quand il avait du mal à trouver le sommeil le soir, plein des expériences de la journée, et qu'il fallait qu'il se décharge de ses émotions… ou de ses coliques (leur système digestif non plus n’est pas mature… que voulez-vous, on pond des petits pas finis).

Rien de tel qu’un câlin

Évidemment, même si vous n’avez pas fait un bébé de + de 4kgs à la naissance comme nous, vous allez rapidement avoir mal au dos. Et puis en journée vous allez avoir besoin de vos bras, et c’est là que le portage peut vous sauver la vie.
Je vous cache pas avoir passé « quelques » heures sur le canapé en journée avec bébé endormi sur moi, à regarder des séries sur l’ordinateur avec des écouteurs, de peur de le réveiller en bougeant parce que je ne l’avais pas mis en écharpe pour l’endormir… erreur de débutant que je n’ai pas répété trop longtemps.

Porter un bébé, c’est agréable pour vous deux, et c’est pratique. La plupart du temps ils peuvent y dormir très longtemps, et pendant ce temps vous pouvez travailler, faire le ménage, les courses… à vous de voir bien sûr.

Bon, le nôtre se limite à des tranches d’une demi-heure et il faut continuellement bouger, voire même plutôt carrément marcher car son système interne de détection de mouvement repère l’alternance d’un pied à l’autre comme l’arnaque que c’est et il pleure ;)
Du coup, j’ai fait un paquet de kilomètres dans la région depuis sa naissance, heureusement qu’il a rapidement fait beau !

Bref, il existe plusieurs types de système de portage, plus ou moins onéreux, faciles à maîtriser, et confortables, mais j’en parlerai plus précisément dans l’article correspondant.
Ce qu’il faut retenir c’est que c’est commode, ça rassure bébé, et en plus ça améliore sa digestion…

Rester zen

Les bébés sont comme des éponges et ressentent notre stress… si vous n’êtes pas calme, votre bébé le sentira et aura du mal à lui-même s’apaiser. Or si il vous hurle dans les oreilles, vous aurez du mal à être détendu…
À ce titre, le casque de chantier, plus rapide à mettre/retirer que des boules Quiès, et au diable le ridicule, a été salvateur.

Il faut aussi savoir lâcher-prise. Parfois on veut tellement qu’ils dorment qu’on est super tendus, et eux le ressentent et se demandent bien la cause de cette tension… ce qui les empêche à leur tour de se tranquilliser.

J’ai découvert ça une après-midi où je n’arrivais pas à le calmer et j’étais seule à la maison. Je ne voulais pas le laisser pleurer seul mais ça faisait 30 minutes que j’essayais en vain de le calmer et j’avais une envie fulgurante de faire pipi… J’ai dit à bébé « je ne t’abandonne pas, je reviens, mais il faut vraiment que j’aille aux toilettes, promis je reviens dans 2 minutes »…
Je sors de la chambre, je trottine jusqu’aux WC 5 mètres plus loin, je m’assoie… et je l’entends arrêter progressivement de pleurer… « waaaaaaahhhhhh… waaaahhh… wah… » : je vous le donne en mille, le temps de revenir des toilettes, soit 1 minute top chrono, monsieur s’était endormi.
Expérience répétée avec succès depuis : dès fois, il suffit de leur donner un peu d’espace et de les laisser respirer pour qu’ils se détendent.
Et puis dès fois on se trompe, et ils n’ont finalement pas envie : on rallume la lumière, on change éventuellement de pièce, on joue un peu, ou on lit une petite histoire, bref on brise le cercle vicieux… et on recommence un petit peu plus tard sur de meilleures bases.

Les massages

Tout autant que nous, les tout-petits peuvent apprécier les massages. Mais masser un bébé ça ne s’improvise pas. Il existe une association officielle, l’International Association for Infant Massage, dont la branche française (l’Association Française du Massage pour Bébé) forme des instructeurs(trices) qui dispensent ensuite eux-mêmes des formations un peu partout en France.
On y apprend les bons gestes, histoire de ne pas faire mal et d’en tirer tous les bénéfices possibles.
J’en parle plus dans un article dédié, mais sachez qu’en plus d’un massage quotidien qui est toujours une bonne idée (prévoir une petite demi-heure) vous pouvez toujours faire un petit massage court (donc pas forcément la routine complète) en cas de bébé trop tendu… et puis caresser leur petit corps tout doux c’est aussi très agréable pour papa et maman :)
Par contre attention, il y a une règle d’or : si bébé ne veut pas/plus être massé (ils savent très bien se faire comprendre), on arrête tout de suite !

Techniques de sioux

Parfois il faut ruser…
Endormir bébé à bras, c’est bien, mais pas si il se réveille et hurle dès que vous le posez.

Quelques tactiques qui ont bien fonctionné pour nous :
- si vous comptez poser bébé avec une couverture sur lui : mettez-la entre lui et vous d’abord, ainsi quand vous le poserez il n’y aura pas de refroidissement soudain et vous avez plus de chances qu’il ne se rende compte de rien… cela marche encore mieux si vous chauffez (en vous y asseyant par exemple, sinon avec une bouillotte) la zone où vous allez le poser ;
- dans le même genre mais à l’inverse : l’enrober dans une couverture par en-dessous, ainsi quand vous le déposez il est déjà dans un petit cocon tout chaud dont il ne sort pas en quittant vos bras… fonctionne particulièrement bien quand on veut le mettre dans un transat (on en fait alors un petit sushi en rabattant les deux bords de la couverture sur lui, quitte à les coincer sous lui façon emmaillotage ;
- variante de l’astuce précédente, le topponcino : c’est un petit matelas très souple, en coton, de forme ovale, dont on peut changer la housse, et qu’on utilise pour porter le nouveau-né quand on le déplace d’un endroit à un autre et sur lequel on le laisse pour dormir. Ainsi, zéro effet transition entre vos bras et l’endroit de dépôt ;
- respirer lentement et fort : lorsque vous bercez bébé, ou même si vous vous êtes allongé(e) à côté de lui, respirer profondément et assez fort pour qu’il l’entende, histoire d’une part de vous détendre (cf. le paragraphe à ce sujet) et d’autre part de ralentir et apaiser son rythme respiratoire, détente mutuelle assurée :) ;
- la stratégie du decrescendo : vous enlevez progressivement une action dans votre bercement… par exemple, vous marchez en berçant bébé doucement de droite à gauche en le caressant et en lui susurrant des mots doux. Quand il s’endort, d’abord vous vous taisez, puis vous arrêtez de le caresser, puis vous vous rapprochez de l’endroit où vous comptez le poser et vous vous arrêtez de marcher, et enfin vous le bercez de plus en plus lentement en l’écartant de votre corps progressivement… pour enfin le poser dans le dernier balancement. Taux de réussite pour nous : 85%, ce qui est plutôt pas mal.

Divers

On a découvert que notre dressing, avec tous ses tissus qui absorbent le son, était un endroit apaisant pour lui comme pour nous. Si vous avez une pièce de ce type, c’est l’endroit idéal pour bercer bébé quand il pleure.

C’est un classique mais je confirme : le bain peut être une arme efficace, si vous ne vous y prenez pas trop tard et que bébé n’est pas déjà trop énervé. N’oubliez pas de bien l’hydrater après par contre : on recommande de ne pas nécessairement baigner le petit bébé tous les jours (1 sur 2 suffit) pour ne pas agresser trop sa peau, ce n’est pas pour rien. Et puis ça peut être l’occasion de le masser un peu (cf. au dessus), histoire de faire un combo gagnant :)

Le Matériel Qui Nous a Bien Été Utile

Lit cododo

On a commencé avec un lit cododo attaché au notre façon sidecar… il en existe de nombreux modèles, nous avions opté pour un lit à barreaux en hêtre massif non-traité mais il existe aussi des lits-berceaux en tissu, par exemple celui de Chicco. Ces lits sont généralement évolutifs et peuvent se transformer en lit ou berceau « normal » de bébé par la suite, même si nous avons pour notre part prévu de mettre bébé sur un lit au sol plus tard, « à la Montessori », mais j’en parlerai dans un prochain article.

Bébé à reflux : le plan incliné

Quand on a un bébé qui fait un reflux, aussi bénin soit-il mais encore plus quand il est sévère, le plan incliné à glisser sous le matelas est un indispensable, de 15° dans le premier cas et de 30°, voire 40°, dans le second.
Par contre, comme son reflux était léger on s’est limité à 15° mais comme il est très gigoteur, il finissait régulièrement en bas et en travers de son matelas…
Si c’est le cas de votre bébé, un lit d’appoint de voyage (avec des boudins à gauche et à droite) peut être utile. Celui qu’on avait choisi pouvait aussi se dérouler pour faire tapis d’activité au sol, et aujourd’hui encore il nous est bien utile.

Tous les bébés : CocoonABaby

Le CocoonABaby est un cocon ergonomique qui positionne bébé dans la position semi-foetale, légèrement enroulée, proche de celle qu'il avait dans le ventre maternel, et qui l’apaise et le rassure. Notamment parce qu’il limite le réflexe de Moro et les reflux… et en plus il modère l’effet « tête plate ».
On n’était pas partis pour en acheter un du tout, mais au bout d’une semaine à galérer dès qu’on le mettait à plat (pas à l’horizontale, ce qui aurai pu nous faire penser à un reflux sévère, mais bien non enroulé), et comme on venait de nous offrir un bon d’achat dans une boutique qu’on ne fréquente d’habitude jamais, on s’est dit qu’on allait essayer pour voir. Et là « miracle », il n’a pas bronché quand on l’a posé dedans, et il a même super bien dormi.

Bébé est un grand gabarit donc il n’a pas servi aussi longtemps que recommandé (vers 4 mois ou quand ils commencent à vouloir se retourner, mais on a arrêté vers 2 mois, 2 mois et demi max) car il était trop à l’étroit dedans (surtout en longueur). Comme dans l’intervalle il avait commencé à mieux tolérer la position à plat, c’était moins embêtant (et on a enchaîné avec le plan incliné)… mais entre temps ça nous a été indispensable.
On ne l’a jamais utilisé comme lit d’appoint à emporter chez les amis, mais avec le recul on aurait pu… si on s’était déplacé avec bébé les 2 premiers mois, ce qu’on a évité de faire.
On n’a jamais utilisé la bande ventrale non plus : trop petite/courte, et trop bruyante à ouvrir…

Sling (écharpe sans noeud)

Il y a plusieurs types de systèmes de portage, et j’en parle(rai) dans un article dédié, mais j’ai quand même un coup de coeur pour mon écharpe sans noeud, la Bulline de Néobulle, que je vous recommande chaudement (il existe d’autres marques, mais Néobulle est une marque française qui produit en France, juste à côté de chez nous, alors on aime tout particulièrement).
Quand bébé hurle et que vous avez besoin de le calmer rapidement et de garder l’usage de vos mains, et tant que ce n’est pas pour une période prolongée, rien de tel qu’un sling où on l’installe en 30 secondes.

Conclusion

Le sommeil des bébés reste un sujet vaste et sensible, mais j’espère avoir réussi à débroussailler quelques notions, voire vous donner quelques idées.

Encore une fois, il ne s’agit que de nos expériences et conclusions, et tous les enfants sont différents, je n’ai donc pas la prétention d’être absolument exhaustive, ni d’asséner des vérités absolues ou des règles incontournables…
Sauf en ce qui concerne le fonctionnement biologique du sommeil, car rien que ça devrait vous permettre de répondre plus sereinement à l’éternelle question « Alors, il fait ses nuits ? ».

Aller plus loin

Je rajoute ici une liste d’ouvrages qui me semblent utiles à lire :
- « Être parents la nuit aussi » (Dr Williams Sears, La Leche League) ;
- « Partager le sommeil de son enfant » (Claude-Suzanne Didierjean-Jouveau, Éditions Jouvence) ;
- « Dormir avec son bébé : un guide sur le sommeil partagé » (James McKenna, La Leche League).


  1. je me refuse à appeler ça du "lait" artificiel, et même l’État utilise les guillemets autour du mot "lait" dans l’expression « lait artificiel » dans tous ses prospectus sur le sujet. 

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