L’allaitement, partie 1/5 : Les bienfaits

1ère partie de l’article sur l’allaitement en 5 parties.


Les bienfaits de l’allaitement sont nombreux, tant pour le bébé que pour la maman, et donc par extension pour la société entière.

Pour le bébé

Santé physique

« Si chaque enfant était mis au sein dans l’heure qui suit la naissance, si on ne lui donnait que du lait maternel pendant les six premiers mois et si l’allaitement maternel était maintenu jusqu’à l’âge de deux ans, on sauverait près de 800 000 vies d’enfants chaque année. »  
- OMS, février 2014

« L’allaitement maternel est l’un des premiers facteurs de protection durable de la santé de l’enfant. […] En effet, le lait maternel est un aliment unique, de qualité irremplaçable, et ses caractéristiques ne se retrouvent pas toutes dans les « laits infantiles » du commerce. »
- Institut national de prévention et d’éducation pour la santé (Inpes)

Donc c’est bien simple, l’OMS (et même notre propre Ministère de la Santé au travers du Programme national nutrition - santé (PNNS)) recommande l’allaitement exclusif jusqu’aux 6 mois du bébé, le lait comme aliment prioritaire jusqu’au moins aux 2 ans et d’aller si possible au sevrage naturel (et non induit), qui se situe selon les couples mère-enfant entre les âges de 2 et 6 ans.

Considérez : les prématurés ne peuvent être nourris avec de la préparation artificielle, parce qu’ils ne peuvent l’assimiler…Les bébés nés à terme peuvent la tolérer et s’en suffire, mais ça en dit long sur la soit-disant qualité des produits.
Ce n’est pas pour rien que les lactarium sont toujours à la recherche de mamans volontaires pour tirer leur lait et leur donner afin qu’il soit utilisé dans les services de néonatalogie pour les grands prématurés…

Les industriels font ce qu’ils peuvent, mais ils ne pourront probablement jamais rivaliser avec le lait maternel qui, non content de contenir exactement ce qu’il faut en matière de calories et de nutriments, est en plus une source d’anticorps qui protègent bébé de maladies courantes telles que la diarrhée et la pneumonie et accélèrent la guérison en cas de maladie… et surtout il s’adapte au bébé de jour en jour et même d’heure en heure… !

En effet, c’est le bébé, selon la fréquence, vigueur, et durée des tétées qui va programmer le sein à fournir le lait le plus adapté à ses besoins : une soupe sucrée légère ou une crème protéinée grasse.
La composition du lait se modifie aussi pendant la tétée (au fur et à mesure de la vidange du sein) : de très aqueux et sucré (désaltérant) en début à plus épais et gras en fin (nourrissant).

Lait de début de tétée /sucré - Lait de fin de tétée / gras

C’est notamment ce qui permet de ne pas avoir de donner de l’eau à un bébé même dans les pays très chauds ou en cas de diarrhée : il tètera moins longtemps mais plus souvent. Le lait maternel, de par sa richesse en électrolytes, est une solution de réhydratation idéale, bien plus que l’eau ou les solutés dédiés.

Certaines études envisagent aussi qu’un échange se fasse pendant la succion (en), pendant lequel la salive du bébé entrerait en contact avec le système de la maman, le renseignant sur son état de santé et modifiant ainsi les anticorps que le lait produit contient.

Enfin, dans de nombreux pays où les conditions sanitaires de l’eau ne sont pas optimales, les bébés allaités ont moins de chance d’attraper des maladies mortelles que ceux nourris au biberon de préparation artificielle… Et ils ont aussi moins de chance de subir une malnutrition due au coût exorbitant des préparations infantiles, qui sont du coup souvent diluées et n’apportent donc pas leur lot de nutriments aux petits.
Des faits que les industriels (notamment Nestlé et Danone) se cachent bien d’expliquer aux mamans qu’ils convainquent de biberonner, notamment par l’intermédiaire des médecins et sages-femmes qu’ils séduisent avec des dons en matériel et en échantillons (malgré la réglementation internationale adoptée en 1981) et un discours bien rodé.

On note aussi des avantages à long terme :

« Une fois adultes, les personnes qui ont été allaitées au sein ont souvent une tension artérielle et une cholestérolémie plus basses et souffrent plus rarement de surpoids, d’obésité ou de diabète de type 2. » (OMS)  

L’allaitement réduirait aussi « la fréquence de certaines allergies (eczéma et asthme uniquement) chez les "enfants à risque" à condition que l’allaitement soit exclusif pendant au moins 3 mois. Il ne s’agit pas d’une protection à 100 % mais d’une diminution du risque de survenue des allergies. » (mpedia.fr).

Mécaniquement, l’allaitement a aussi un impact important sur le développement des structures faciales. Il permet une croissance osseuse normale du massif facial, le placement correct des dents, et prévient les malocclusions.

Enfin, en dehors de ses propriétés nutritionnelles, le lait maternel a des propriétés anti-infectieuses, antivirales, antifongiques, antiseptiques, calmantes, hydratantes et cicatrisantes… oui, tout ça ! :)
Soins du cordon, réparation des mamelons irrités, soulagement des érythèmes fessiers et du nez irrité, soin des boutons de varicelle, des verrues, écorchures, ampoules ou aphtes… mais aussi baume pour les lèvres, lotion tonique, masque capillaire… et même plaies plus profondes : épisiotomie, déchirures, brûlures au second degré… ou encore « en interne » pour les rhinites, sinusites, otites, conjonctivites (y compris à titre préventif), ainsi que les ulcères, coliques et diarrhées…
Enfin, il est aussi possible, avec de plus grandes quantités, d’accompagner des thérapies en renforçant le système immunitaire (grands brûlés, transplantations, maladies auto-immunes intestinales, infection urinaire, etc.).

Santé affective

Les contacts physiques entre une mère et son enfant sont nécessaires pour assurer le développement psychique de celui-ci. Le bébé reconnaît l’odeur de sa mère et celle de son lait, tout comme la mère sait distinguer l’odeur de son bébé. Or, le lien d’attachement se tisse aussi autour de l’odeur reconnue. Et l’attachement de l'enfant à ses parents et à ses proches, loin de constituer un obstacle à l'autonomie, « en est au contraire la condition. Cette base sécurisante joue un grand rôle dans le devenir de l'enfant qui apprend ainsi à partager ses émotions » (L'attachement, source d'autonomie, BLAISE PIERRE HUMBERT dans Sciences Humaines, 01/06/2004).
À travers l'allaitement, vous renforcez également la confiance de votre bébé envers vous, qui comblez sa demande. Avoir reçu de la tendresse ne rend pas vulnérable, mais plus fort et plus résilient. Se sevrer soi-même (donc à l’âge auquel cela se fait naturellement et non de manière induite, de 2 à 6 ans selon les enfants) est le meilleur apprentissage de l’autonomie.

Pour la maman

Déjà, lorsqu’il est exclusif, l’allaitement au sein « entraîne souvent un arrêt des règles, ce qui constitue une méthode naturelle, mais pas infaillible, de contrôle des naissances (98% de protection au cours des 6 mois suivant l’accouchement). [De plus, il] atténue les risques de cancer du sein et de l’ovaire à un âge plus avancé, de diabète de type II et de dépression post-partum. » (OMS)

On sait aussi que L'allaitement favorise la récupération rapide de l’utérus après l’accouchement, grâce à l’ocytocine produite pendant les tétées, qui l’aide à retrouver sa forme, taille et place initiales. Ce phénomène contractile permet aussi de limiter les saignements après l'accouchement. Ainsi, les mamans qui allaitent ont moins de risque de manquer de fer, d'autant qu'avec la lactation, l'absorption intestinale du fer est meilleure.

Il est aussi bien moins fatiguant d’allaiter la nuit que de donner le biberon : il suffit de sortir un sein dans un cas, contre aller à la cuisine, préparer, mélanger, donner, rincer… dans l’autre.
Et les hormones produites pendant les tétées favorisent un sommeil plus serein (endormissement plus rapide, réveils moins perturbants, etc.).
Il ne faut pas oublier que la maman sera quand même réveillée par les pleurs de son bébé si il est au biberon de préparation artificielle et que le/la partenaire le donne, mais sans bénéficier de l’effet « somnifère » des hormones.

Il est également accepté que les femmes qui allaitent retrouvent plus rapidement leur ligne que celles qui n’allaitent pas, si tant est qu’elles mangent normalement : on consomme entre 500 et 1000 calories de plus par jour pour produire le lait nécessaire.

D’un point de vue psychologique, allaiter réduit le risque de dépression du post-partum, donne confiance en soi, permet de développer des interactions très riches avec son bébé et renforce les liens d'attachement avec son enfant.

Enfin, c’est un argument sociétal qui peut être mal interprété, mais le lait maternel est gratuit…
Or les préparations artificielles sont en revanche généralement très chères, et ne pas les payer permet de consacrer le budget correspondant à d’autres postes tout aussi importants. Et de réduire l’écart entre les différentes populations : sinon ce sont encore les moins aisées qui doivent se satisfaire de produits de moins bonne qualité, augmentant par la même leur propension à être malade, à moins bien réussir académiquement, etc.

Pour la société

Il parait évident que des bébés et des mamans moins malades, ce sont des frais de santé, et donc de sécurité sociale, en moins.

À ce titre, et pour être cohérent avec le discours officiel, l’allaitement devrait être favorisé, notamment par la possibilité pour les mamans de prendre des congés maternité rémunérés plus longs, d’avoir des pauses (et un lieu adapté) au travail pour tirer leur lait, d’être accompagnées et conseillées… et donc par la formation adéquate des personnels soignants concernés.
La France est bien en retard sur ces points, comparée à d’autres pays comme l’Irlande, la Suède ou même l’Allemagne ou l’Italie.
Mais cela n’est pas seulement la faute de l’administration mais bel et bien d’un état d’esprit de la population, dont une partie considère l’allaitement comme un asservissement, héritage de l’idéologie féministe des années 70.


En route vers la partie 2/5 de l’article !

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